Actu des réseaux : The French Explorateur, un fosséen aux rêves sans limite

Nous avons rencontré Enzo Terranova, plus connu sous le nom de « The French Explorateur », ce fosséen s’est lancé le pari un peu fou de se rendre à Los Angeles sans avion, et il a réussi ! Tout juste de retour à Fos, il nous raconte son aventure.

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Enzo Terranova a 24 ans. Installé depuis 2020 à Fos-sur-Mer, ce jeune homme passionné de voyages et désireux de sortir de la routine quotidienne s’est lancé un défi : se rendre à Los Angeles sans avion en passant par l’Est. Laissé au rond pont de Saint-Gervais par ses proches le 22 avril 2024, le jeune homme a commencé son stop jusqu’à Vitrolles « je voulais être proche de la A7 et aller vers la Suisse », indique Enzo. Le jeune homme a ensuite continué son aventure jusqu’en Suisse puis en Allemagne, et a ainsi traversé la Russie, la Mongolie, la Chine, le Vietnam, l’Indonésie, le Canada… et tant d’autres pays. Pendant tout son périple en stop, cargo, bus, train, il a partagé son quotidien sur ses réseaux sociaux pour « montrer aux jeunes que même si on n’a pas d’argent, on peut voyager ».

Comment t’es venue l’idée de ce périple Fos-sur-Mer/Los Angeles sans avion ? 

J’ai toujours aimé les voyages, j’ai toujours été curieux. Je n’osais pas me lancer, je me trouvais toujours des excuses et un jour j’ai eu cette idée alors que j’étais simplement allongé sur mon lit « pourquoi ne pas faire le tour du monde et aller jusqu’à Los Angeles sans avion ? » Je n’ai peut-être pas choisi l’itinéraire le plus facile puisque je suis passé par l’Est, mais j’avais vraiment besoin de me défier. En revanche, je ne saurais pas expliquer pourquoi j’ai choisi Los Angeles comme destination finale.

Que faisais-tu dans la vie avant de partir à l’aventure ?

À la base j’étais contrôleur qualité au port de Fos-sur-Mer, je contrôlais les voitures neuves qui arrivaient par bateau et j’en ai eu assez de la routine. Je me suis dit que je ne voulais plus faire ça, que j’avais envie de voyager. J’ai donc démissionné. J’avais un appartement donc je l’ai lâché. Je suis retourné chez mes parents le temps de tout organiser. J’ai tout quitté. J’avais un CDI, un crédit de voiture, j’ai quitté ma vie pour en retrouver une autre.

C’est un véritable chamboulement, comme l’ont pris tes proches ?

Mon père était très partant. Il a toujours aimé les défis. Du côté de ma mère, il y avait un peu plus de réserve car elle avait peur. Concernant le reste de mon entourage, tout le monde me disait que mon projet était fou et dangereux. Ça aurait pu me décourager mais ça n’a pas été le cas. J’ai un tempérament un peu « foufou » donc j’ai foncé, je n’ai pas trop réfléchi. Je pense d’ailleurs qu’il ne faut pas trop réfléchir lorsque l’on fait ce genre de choses.

Était-ce un choix de partir seul ? 

Je voulais partir seul avant tout pour faire un travail sur moi-même. Lorsqu’on part seul les choses sont différentes, on n’a pas la même ouverture d’esprit. L’avantage de partir seul c’était aussi d’être libre de mes mouvements.

Tu parlais d’organisation, tu as pu planifier ton voyage dans les grandes lignes ?

Je voulais faire Fos-sur-Mer/Los Angeles sans avion en passant par l’Est. C’est tout. Je ne me suis pas projeté sur tel ou tel pays. J’ai laissé place à l’aventure. La seule chose dont j’étais sûr, c’est que mon point de chute devait être la Chine puisque je voulais embarquer sur un bateau cargo pour la traversée du Pacifique. Bon, les choses ne se sont pas passées comme prévues donc j’ai dévié vers l’Asie du sud-est.  Le but était de patienter puisque j’ai été à Shanghai mais les compagnies maritimes ont refusé de m’aider à ce moment-là, donc j’ai changé d’itinéraire.

Comment s’est finalement déroulé ton voyage ? 

Le but était de faire du stop. En France, c’était relativement simple. Je me suis ensuite rendu en Suisse où c’était dur d’arrêté des véhicules car les habitants sont plus méfiants, et qu’un homme avec un sac à dos sur le bord de la route n’attire pas confiance.  En Allemagne, tout s’est très bien passé. C’était rapide car ils font des longues distances. J’ai aussi fait du Flixbus stop. Je me suis rendu dans une gare routière en expliquant mon projet aux chauffeurs et j’ai demandé si c’était possible de monter gratuitement dans un bus qui allait en Estonie au niveau de la frontière russe. Au départ, il m’a dit que ce n’était pas possible mais finalement, le chauffeur est revenu me voir pour me dire que je pouvais monter. En arrivant, j’ai fait mon visa électronique pour la Russie. J’ai été jusqu’à Saint-Pétersbourg mais je ne pouvais pas utiliser ma carte bancaire à cause des sanctions économiques appliquées à la Russie donc j’étais limité dans le temps. J’ai ensuite pris un train jusqu’en Sibérie, et j’ai parcouru la Mongolie à moto. J’ai vécu des tempêtes de sables là-bas, je me suis fait inviter dans des yourtes, j’ai mangé chez les nomades… 

Quel périple ! Et ce n’est pas tout, tu as visité l’Asie aussi.

Oui, c’est là que le stop a été le plus simple. J’ai pris la direction de la Chine où je suis resté un mois. J’y ai vécu des inondations dans le sud avant de me rendre à Shanghai pour démarcher des compagnies maritimes comme la CMA CGM, mais elles ont toutes refusées de m’amener. J’ai donc été au Vietnam pour visiter, au Cambodge, en Thaïlande, en Malaisie et en Indonésie où j’ai retrouvé ma mère qui était à Bali à ce moment-là. J’ai été en Corée du sud aussi. J’ai attendu 15 jours pour embarquer sur un cargo car la CMA CGM m’avait contacté pour accepter ma demande. Initialement, il devait y avoir 16 jours de traversée jusqu’au Canada. Au final, la veille du départ, la compagnie m’a annoncé que je ne pourrais pas prendre ce cargo puisqu’il y avait des problèmes au niveau de la règlementation de l’immigration. J’étais vraiment dépité, j’ai pensé que le voyage allait devoir s’arrêter. 

Comment as-tu fait pour prendre le cargo finalement ?

L’entreprise était très impliquée et m’a payé un ferry pour aller jusqu’au Japon. Seule difficulté, le trajet n’était pas du tout pas du tout le même. J’en avais finalement pour 61 en partant du Japon jusqu’au Canada depuis l’Atlantique. Mais, il m’en faut plus pour être découragé. J’ai donc fait 25 000km en cargo pendant deux mois ! Ce sont de très beaux souvenirs. J’ai pris deux cargos différents, un plus petit avec lequel on a essuyé deux typhons en mer de Chine, on a fait des karaokés avec l’équipage, des barbecues, ils ont mis une piscine gonflable remplie à l’eau de mer au milieu des containers. C’était vraiment incroyable ! Et l’autre cargo, je l’ai pris au Vietnam. Nous avons fait Noel et le Nouvel an à bord. C’était super ! 

Au bout des deux mois tu es donc arrivé au Canada ?

Oui, je suis arrivé à Halifax. C’était très difficile, il faisait très froid, environ -16­­­°. J’ai été hébergé par un couple de français qui vivaient là-bas mais ils m’ont fait comprendre que ce serait très difficile de traverser en stop, voire dangereux. Sauf que moi, je n’ai pas écouté. J’ai essayé et en effet, personne ne s’arrêtait. J’étais congelé. En plus, en faisant du stop, je ne peux pas me couvrir la tête sinon les gens ne s’arrêtent pas… C’était la première fois que j’ai envisagé de baisser les bras. J’ai d’ailleurs acheté mon billet d’avion vers la France. J’ai été à l’aéroport, j’ai enregistré& mon bagage et j’ai changé d’avis. Il était impossible pour moi de renoncer après tout ce que j’avais déjà fait. J’ai finalement covoituré, pris plusieurs trains magnifiques dont l’un avec un plafond vitré. J’ai ensuite fait du stop une fois aux États-Unis. J’ai rencontré des français. L’un d’entre eux roulait avec un camion de pompier aménagé. Ensemble, nous avons été dans des endroits magnifiques. Pour finir, j’ai pris un Flixbus de San Francisco jusqu’à Los Angeles. Une fois arrivé j’ai été visiter les égouts de la ville avec un abonné qui était là-bas. C’était fou, je me suis régalé ! 

Au final, combien t’as coûté ton voyage ?

Je suis parti avec 1500€ en poche mais c’était trop peu… Certains abonnés m’ont fait des dons et ça m’a beaucoup aidé. J’ai aussi eu la monétisation TikTok à la fin de mon séjour. Il faut prendre plus d’argent sinon on peut ne pas manger pendant plusieurs jours. Je n’ai pas fait les comptes mais je pense en avoir eu pour 3000€.