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Il est des pièces de théâtre dédiées à la jeunesse qui donnent à réfléchir, y compris aux adultes. C’est le cas de Normalito, œuvre de Pauline Sales présentée au Théâtre de Fos le 4 avril dernier. Élève de CM2, Lucas se trouve désespérément banal : il n’est ni handicapé, ni surdoué, ni étranger, ni ne souffre de troubles dys (dyslexie, dysorthographie…). Aussi, lorsque la maîtresse demande à la classe d’inventer un superhéros, Lucas crée-t-il Normalito, « qui rend tout le monde normaux ». Sur ce point de départ, l’autrice imagine la rencontre compliquée entre Lucas et Iris, « enfant zèbre » (à haut potentiel intellectuel) aspirant à devenir « normale ». Mais qu’est-ce que la norme ? Et pourquoi Lucas, soi-disant normal, rejette-t-il parfois si violemment Iris ? Les deux enfants finiront par faire une fugue ensemble et se réfugieront dans les toilettes de la gare, où ils vont rencontrer Léna, anciennement Alain, transsexuelle rejetée par sa famille – son fils refuse qu’elle assiste à son mariage… Les moments de franche rigolade alternent avec les scènes d’émotion et le spectateur en ressort tout tourneboulé : « Pauline Sales questionne avec subtilité et profondeur les notions de normalité, de différence, mais aussi de tolérance », écrit Télérama. Des thèmes essentiels, à la portée universelle et l’actualité brulante, qu’il était fort opportun de présenter à un jeune public, ces enfants qui seront les citoyens de demain. Ainsi qu’aux adultes, souvent effrayés par l’altérité !
Olivier Bonnet