Environnement : L’urgence climatique est bel et bien là

Partout dans le Monde, y compris sur notre territoire, les effets du réchauffement climatique sont déjà bien visibles. Décryptage avec Jérôme Sambussy, météorologue à Météo- France et référent climat pour la région Sud-Est.

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Également enseignant en météorologie à l’École de l’air de Salon, Jérôme Sambussy est aussi investi dans de nombreuses initiatives afin de sensibiliser le grand public au réchauffement de la planète et ses conséquences : « Aujourd’hui, l’urgence climatique est réelle. Limiter le réchauffement, c’est garder la possibilité de s’adapter avant d’atteindre le point de non-retour. Le changement du climat est au carrefour des enjeux environnementaux, sanitaires, sociaux ou économiques et impose la mise en œuvre de nouvelles politiques. »

À l’exemple des grands projets industriels à Fos-sur-Mer,  représentant plus de 15 milliards d’euros d’investissement et s’accompagnant de la création de 15 000 emplois, la décarbonation de notre industrie est un facteur indispensable dans la lutte contre le réchauffement climatique. Jérôme Sambussy précise : « Le territoire de Fos-sur-Mer fait partie des cinq grandes zones industrielles de France. Autant dire qu’une réduction de l’émission des gaz à effet de serre aura des conséquences bénéfiques qui dépasseront largement le cadre local. »

DES DONNÉES SCIENTIFIQUES

Phénomène mondial, le réchauffement climatique touche plus particulièrement l’Europe, dont les températures moyennes augmentent plus vite que sur le reste de la planète. Si, au niveau national, le réchauffement est de +1.7° par rapport à la période préindustrielle (1850-1900), il est de + 2° pour le Sud-Est de la France.

Sur le site Internet de Météo France, Climadiag Commune est un outil destiné à aider les collectivités à anticiper les évolutions climatiques sur leur territoire pour s’adapter à ces évolutions, en proposant des prévisions à l’horizon 2030, 2050 et 2100 en tenant compte des vulnérabilités du territoire. Aux côtés d’une hausse notable des températures avec des étés beaucoup plus chauds, une baisse du nombre de jours de gel, des périodes de sécheresse s’accompagnant d’épisodes de très fortes précipitations, il faudra compter aussi sur une hausse du niveau moyen de la mer qui pourrait atteindre 79 cm à Marseille en 2100, selon les prévisions les plus pessimistes.

Jérôme Sambussy complète : « Si, par exemple, la hausse du niveau de la mer atteint un mètre, les deux-tiers de la Camargue seraient sous l’eau. Avec le réchauffement climatique, le nombre de jours à très haut-risque pour les feux de forêt va passer de 57 jours par an aujourd’hui à 69 en 2030 et jusqu’à 87 en 2100. En plus de la sécheresse, l’absence de froid et de gel va avoir aussi un impact sur la flore qui a besoin des périodes de froid pour ‘’se reposer’’, sans oublier la faune qui va devoir s’acclimater à ces nouvelles conditions. Ces changements vont aussi entraîner une fragilisation des sols rendant les maisons comme les immeubles plus fragiles. » Jérôme Sambussy conclut : « Avec la Cop 21 à Paris en 2015, il y a eu une prise de conscience générale de l’urgence climatique. Il faut désormais tout faire pour limiter le réchauffement climatique, avec une réduction de moitié des émissions de gaz à effet de serre en 2030 et la neutralité carbone en 2050 afin de nous permettre de garder une possibilité de nous adapter à ce nouveau climat. »