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Dans le cadre de son programme de recherche, Killian Grégory, doctorant de l’université de Montpellier, basé au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, a installé plusieurs appareils photos sur des îlots aménagés au cœur des salins de Fos-sur-Mer : « Les appareils prennent automatiquement une photo toutes les 30 minutes. Ainsi, nous pouvons étudier la présence et dans une certaine mesure le comportement des oiseaux, sans les déranger, en limitant au strict minimum notre présence dans leur environnement. Entamé en mars dernier, ce suivi particulier va se poursuivre jusqu’à la fin du mois de juillet. Je m’intéresse plus particulièrement à des espèces comme le goéland railleur, qui se reproduit sur des îlots peu végétalisés et pond ses œufs à même le sol. » Killian Grégory ajoute : « Dans la préparation de ma thèse, je vais surtout m’attacher à comprendre quels sont les facteurs qui les poussent à choisir leur lieu de nidification, et quelles sont les interactions avec les autres espèces. En 2022, une quinzaine de couples de goéland railleur avaient élu domicile à Fos-sur-Mer. »
Cette démarche expérimentale, engagée avec de nombreux partenaires, dont l’association Eve, Eau vie et environnement, gestionnaire des salins, s’inscrit aussi dans le cadre du projet Larimed, un vaste suivi des sites de nidifications des colonies de laro-limicoles coloniaux, qui englobent des espèces comme le goéland railleur, diverses sternes ou encore l’Avocette élégante. Porté par le Cen, Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie, aidé sur le terrain par les Amis des marais du Vigueirat , ce travail est aussi réalisé sur l’ensemble de la façade méditerranéenne française. Killian Grégory précise : « Mon étude porte sur l’ensemble des sites concernés par Larimed et va ainsi compléter les données récoltées pour améliorer notre connaissance et le suivi des oiseaux. Un savoir indispensable pour la préservation des espèces. »
Le choix des salins de Fos-sur-Mer, classé Natura 2000 dans le cadre de la conservation de la biodiversité à l’échelle européenne, comme site d’étude par Killian Grégory est loin d’être le fruit du hasard. Grâce au travail mené depuis de nombreuses années, ils sont devenus un véritable havre de paix pour les quelques 180 espèces d’oiseaux recensés sur place. Larimed, par exemple, est la suite du projet Life+Envoll, porté par l’Union européenne. Les salins faisaient alors partie, entre 2013 et 2018, de la dizaine de sites français choisis pour assurer la conservation des laro-limicoles coloniaux. Des îlots de nidification ont, par exemple, été aménagés afin de faciliter la reproduction, avec l’exigence de maintenir une profondeur d’eau suffisante pour dissuader certains prédateurs tout en proposant des terrains avec des hauteurs d’eau beaucoup moins importantes afin que les poussins puissent s’y alimenter. Le fonctionnement hydraulique a été établi par l’association Eve, en collaboration avec Les amis des marais du Vigueirat, il consiste en une gestion de l’eau réalisée au quotidien et de manière saisonnière. Cette mobilisation au quotidien, permet aujourd’hui aux oiseaux de s’épanouir dans les meilleures conditions, tout en profitant d’un cadre de vie exceptionnel.