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Blaha Moumene, l’éducateur de l’Étoile sportive fosséenne en charge des sections féminines, a suivi il y a un an et demi une formation, organisée par la Ligue Méditerranée de football, qui portait sur l’inclusion par le football des personnes en situation de handicap. Passionné par la démarche, il a contacté différentes structures pour leur proposer d’animer des séances de football à l’intention de leurs résidents, mais sans succès : “Il y avait toujours des problèmes, regrette-t-il. Des questions administratives, d’assurance…” Sa proposition reste ainsi lettre morte, jusqu’à ce que le hasard ne s’en mêle : “Un jour, je venais chercher mes enfants à la Maison de quartier du Mazet, dont ils sont adhérents, lorsque j’ai rencontré un groupe de pensionnaires de l’Établissement et service d’aide par le travail (Ésat) de Port-de-Bouc. Ils y étaient venus pour un atelier d’écriture. J’ai discuté avec eux et leur ai demandé s’ils aimaient le football. Comme ils m’ont répondu qu’ils adoraient ça, je leur ai proposé de venir y jouer avec moi et leur ai laissé mon numéro de téléphone à l’intention de leur éducatrice spécialisée, Émilie Naudy. Elle m’a appelé deux jours plus tard.” La suite est racontée par cette dernière : “Depuis qu’ils avaient rencontré Blaha, ils n’arrêtaient pas de nous casser les pieds, alors on s’est dit qu’il fallait vraiment qu’on essaye !“,avoue-t-elle en riant. Depuis, tous les mardis, le petit groupe de sept résidents de l‘Ésat se retrouve auprès de Blaha Moumene, entièrement bénévole, pour pratiquer le football. “Chaque fois, quand on arrive, on les trouve déjà dehors, nous à attendre pour prendre le minibus !, explique Émilie Naudy, illustrant leur impatience et leur engouement.
Les séances se déroulent d’ordinaire au stade des Pins, mais l’éducatrice spécialisée et l’éducateur sportif ont saisi hier l’opportunité de jouer sur la plage du Cavaou, grâce à la présence sur place au mois de juin des installations de l’association Beach soccer étoiles Sylvain Fos (BSESF), qui organise des tournois multi-catégories chaque week-end, en partenariat avec l‘ES Fos. Il se trouve qu’était également présent sur la plage un groupe de l’hôpital de jour, encadré par un infirmier psychiatrique : “J’étais venu pour les faire se baigner, mais avec ce mistral...”, a-t-il expliqué, déconfit. “Mais vous ne voulez pas jouer au beach soccer avec nous ?” Aussitôt proposé, aussitôt fait. La partie s’organise et termine sur le score de 6-6 ! “Vous avez vu les actions ?, nous interpelle Blaha Moumene. Au début, ils n’arrivaient même pas à faire une passe ! Maintenant ils savent jouer !” Mais les progrès qu’ils réalisent vont bien au-delà des performances footballistiques, comme en témoigne Emilie Naudy (par ailleurs co-instigatrice du projet Autre regard) : “Au centre, ils ne se parlent pas, ils restent concentrés sur leur travail, rapporte-t-elle. Mais quand ils sont au foot, ils plaisantent, font des blagues… Mohammed*, par exemple, ne parle jamais à personne au centre. Ici, il n’arrête pas !” L’éducatrice spécialisée fournit un autre exemple d’évolution comportementale positive : “Depuis trois ans qu’il est à l’Ésat, Anthony* refusait tout contact physique, il ne touchait personne et personne ne devait le toucher. Aujourd’hui, au foot, il fait parfois des câlins !” Blaha Moumene propose une explication : “Le fait d’être ici, dehors, pour eux, c’est un moment de liberté ! Ils sont aussi heureux de pouvoir profiter d’infrastructures d’habitude réservées aux valides, entourés de personne bienveillantes.” Ajoutez à cela la passion du football et vous obtenez un cocktail éminemment bénéfique. Après le match, la quinzaine de handi-footballeurs a été accueillie à bras ouvert par les bénévoles de BSESF, qui lui ont offert un repas (grillades, frites et glace pour le dessert), ainsi que le tee-shirt de l’association. Ils sont repartis absolument ravis, remerciant longuement l’équipe du président Guy Gilles, qui n’était pas le moins heureux : “Une journée comme ça est une récompense pour tout notre travail d’installation du campement et des terrains de beach soccer.”
* Les prénoms ont été changés
Olivier Bonnet