Environnement : Des récifs artificiels dans le golfe de Fos

Dans une démarche résolue de préservation de ses espaces naturels et aquatiques, la municipalité
de Fos-sur-Mer annonce un projet ambitieux visant à implanter des récifs artificiels dans le golfe de Fos. Cette initiative permettra de restaurer la biodiversité des petits fonds côtiers.

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Au fil des ans, entre les développements industriels de la Zone Industrialo-Portuaire, les rejets polluants urbains et industriels, et les activités maritimes, les fonds marins du golfe de Fos ont subi des dommages considérables. La Posidonia oceanica, une plante endémique emblématique de la Méditerranée, a particulièrement souffert de cette dégradation.

Autrefois abondante dans tout le golfe, elle est désormais confinée à une petite zone de seulement 80 hectares à Saint-Gervais. La disparition progressive de cet herbier marin a des répercussions majeures sur l’écosystème marin, menaçant la pêche, les loisirs et le tourisme dans la région. Consciente de l’urgence de la situation, la municipalité de Fos-sur-Mer s’est engagée depuis plusieurs années dans une démarche de restauration écologique. Le projet d’implantation de récifs artificiels représente une étape majeure dans cette initiative.

Après différentes études écologiques et scientifiques subventionnées à hauteur de 80% par l’Agence de l’eau et le Conseil régional, ainsi qu’une large période de concertation avec les services de l’État, la Métropole, la Région, le Département, les représentants de pêcheurs professionnels, des plaisanciers et des associations, le projet prend aujourd’hui des contours plus concrets : «Il reste encore des étapes à franchir, mais le dossier avance», précise Wafa Hechaichi, chargée de mission préservation des milieux aquatiques, des zones humides et du littoral pour la Ville de Fos-sur-Mer. Le contrat de baie de la Métropole, véritable feuille de route pour répondre aux enjeux du littoral, tout en répondant à un cadre réglementaire de plus en plus exigeant, inclut, par exemple, la mise en place de récifs artificiels à Fos-sur-Mer. Ce dossier est également inscrit dans le Stere, Schéma territorial de restauration écologique, piloté par les services de l’État. D’un montant de 500 000 euros de travaux, l’implantation des récifs artificiels sera minutieusement planifiée et exécutée pour assurer leur adaptation aux conditions environnementales spécifiques du golfe de Fos.

Réhabilitation des écosystèmes des petits fonds côtiers

Ces récifs artificiels joueront un rôle essentiel dans la régénération des écosystèmes marins côtiers. Fabriqués à partir de matériaux écologiquement sûrs, ils offriront un refuge sécurisé pour une variété d’espèces marines, contribuant ainsi à restaurer la biodiversité marine. Les objectifs du projet incluent la création d’habitats propices à la reproduction, le rétablissement des équilibres écologiques, et la promotion d’une pêche durable.

Ce projet ne se limite pas à la préservation de l’environnement et vise également à limiter les pressions telles que le mouillage des bateaux à proximité de l’herbier. Il s’agit aussi de travailler avec le Port Marseille-Fos afin de réduire les pressions exercées par le mouillage des navires dans le golfe. Parmi les axes de travail, il y a également la sensibilisation du plus grand nombre à la nécessité de préserver les écosystèmes côtiers. Cet engagement fort de la municipalité de Fos-sur-Mer en faveur de la préservation de la biodiversité marine témoigne de la volonté de la Ville de prendre des mesures concrètes pour protéger ses écosystèmes naturels et assurer un avenir durable pour les générations futures.

Une nurserie dans le port Saint-Gervais

En 2021, la Ville de Fos-sur-Mer s’est déjà engagée au sein de Respire, RESeau Pour le suivI du REcrutement, aux côtés d’une vingtaine de communes du pourtour méditerranéen, afin de surveiller et étudier l’évolution de la population de jeunes poissons. Sous les pannes du port de plaisance Claude-Rossi, des caissons remplis de coquilles d’huîtres ont été installés. Ces unités d’observation, offrent aux jeunes poissons un abri les protégeant des prédateurs, tout en ayant la possibilité d’entrer et de sortir librement. Leur vocation est d’offrir un outil de suivi des ports en matière de biodiversité et d’abondance de jeunes poissons. La municipalité souhaite aujourd’hui aller encore plus loin en proposant de petit « havres de paix » pour les juvéniles. Une nurserie de restauration écologique devrait donc être installée dans les eaux du port. Des abris implantés sous les pannes permettront aux plus petits de grandir en sécurité.

Wafa Hechaichi précise : « l’idée est bien d’avoir un projet global de préservation et de restauration de la biodiversité, une véritable connexion écologique, afin que les petits poissons qui ont grandi dans les eaux du port puissent ensuite migrer vers les futurs habitats artificiels dans le golfe. De ce fait on créera un véritable corridor écologique qui assure la continuité entre les habitats naturels et les habitats artificiels ».

Préserver la banquette de l’herbier de Posidonie

Dans le cadre de ses efforts continus pour restaurer les écosystèmes marins, la municipalité souhaite réaffirmer son engagement en faveur de la préservation de l’herbier de posidonie et de la biodiversité marine méditerranéenne, soulignant l’importance de la coopération régionale et internationale dans cette démarche. Prochainement, une délibération sera présentée lors d’un Conseil municipal en vue d’adopter une charte d’engagement, dans le cadre du projet européen Posbemed.

L’herbier de Posidonie joue un rôle important dans l’écosystème marin méditerranéen. Vivante, cette plante piège le carbone, favorise l’oxygénation du milieu marin, et offre un habitat essentiel pour de nombreuses espèces marines. De plus, elle joue un rôle de stabilisateur des fonds marins et de brise-lames naturels. Les feuilles mortes forment une barrière, appelée banquette de Posidonie, qui assure une protection contre l’érosion des plages. Dans le cadre de la charte d’engagement, plusieurs actions seront mises en place pour préserver cette espèce protégée. Cela inclura notamment le nettoyage des plages avec des méthodes respectueuses de l’environnement, visant à éliminer uniquement les déchets tout en préservant les laisses de mer, qui sont des habitats vitaux pour de nombreux organismes marins. De plus, des campagnes d’information et de sensibilisation seront organisées pour sensibiliser le grand public à l’importance de préserver cette plante et les écosystèmes qui en dépendent.

(crédit photos : P2A développement.)