Environnement : Comment les Fosséens perçoivent-ils les pollutions ?

Dans la continuité de l’étude Index qui a permis de mesurer l’imprégnation des habitants de Fos-sur-Mer aux polluants atmosphériques, une nouvelle étude, nommée Écolex, a été menée afin d’évaluer la perception des pollutions par la population

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Comment les habitants d’un territoire industriel perçoivent-ils les pollutions ? Habiter à proximité d’un complexe industrialo-portuaire a-t-il des conséquences sur la vie quotidienne ? Pour répondre à ces questions, l’étude Écolex a été menée par l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions en collaboration avec l’Inrae, Institut national de recherche agronomique, dans le cadre d’un programme de recherche en sciences sociales soutenu par l’Institut montpelliérain de l’eau et de l’environnement. Ce travail s’inscrit dans la continuité de l’étude Index, menée il y a quelques années sur l’exposition de la population de Fos-sur-Mer aux polluants atmosphériques industriels.

Des témoignages à Fos-sur-Mer et Saint-Martin-de-Crau

L’objectif de l’étude était de déterminer si la proximité de la Zone industrialo-portuaire (Zip) a des conséquences sur la vie quotidienne des riverains. Tout comme pour l’étude Index, les témoignages de Fosséens ont été comparés à ceux des habitants de Saint-Martin-de-Crau, commune voisine moins exposée. Ainsi, les témoignages de 138 participants vivant dans les deux villes ont été recueillis. Dans un communiqué, l’Institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions livre les premières analyses : « Ces travaux montrent que les habitants de Fos-sur-Mer ont conscience qu’ils vivent dans une zone polluée et ont, pour la plupart, déclaré être inquiets pour leur environnement et leur santé, avec une connaissance relative des risques encourus. On peut supposer que cette perception soit elle-même une source d’anxiété susceptible d’avoir des répercussions sur leur santé, en se superposant aux expositions résidentielles et professionnelles. (…). Par défaut de surveillance qui permettrait de suivre la santé des populations des zones industrielles de manière plus approfondie et systématique que celles des autres territoires, les habitants sont contraints de se livrer à leurs propres évaluations des risques. Ceci, en bricolant des savoirs sur la base des informations éparses dont ils disposent (qui circulent malgré tout) et de leurs expériences. Certains tentent de limiter leur exposition en modulant leurs pratiques. Ces incertitudes ajoutent très certainement à leurs difficultés. »

Dans le détail…

En étudiant plus en détail certains résultats de l’étude Écolex, on se rend compte notamment que pour les habitants vivant près de la Zip, environ 60% des personnes interrogées déclarent être inquiets sur l’influence de la pollution sur l’environnement et la santé. 18% admettent des changements de pratiques extérieures, le sport comme les loisirs en raison de la pollution. 46% admettent que la pollution occasionne des contraintes dans la gestion de la maison et du jardin. Les poussières comme les odeurs arrivent en tête du classement des nuisances subies, suivies par le bruit.

Conclusions et perspectives

Dans ses conclusions, l’étude Écolex préconise : « le développement d’une nouvelle méthode de comptabilisation des impacts négatifs des pollutions, notamment celles qui émanent des grandes zones industrielles, pour prendre en compte le mal-être et toutes les contraintes supplémentaires qui pèsent sur les riverains des zones industrielles….. Il apparaît primordial d’intensifier le débat sur les précautions à prendre, collectives et individuelles, dans un contexte d’urgence écologique, climatique et de santé publique qui n’épargne pas, bien au contraire, une des plus grandes Zip d’Europe. »