Portrait : Christian Rosaire, le don dans le sang

Christian Rosaire, Président des donneurs de sang depuis 1990, est décédé le 22 août dernier.

Originaire de Lorraine, il arrive dans les années 80 dans la région pour raison professionnelle, accompagné de sa femme Suzette. En 1986, la famille s’installe à Fos-sur-Mer, commune qu’il ne quittera plus. « Je suis devenu Fosséen d’adoption, peut-être plus Fosséen que certain vrais ». Son engagement associatif, pour une cause noble, lui confère l’image d’un homme de conviction et pour lui donner son sang pour sauver des vies est une évidence.

Notre ville, en cet été 2023, perd à nouveau une belle personne, de celles qui restent dans les mémoires. A sa famille et à ses proches, nous présentons nos sincères condoléances.

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PORTRAIT MENSUEL DÉCEMBRE 2013

II fait partie de ces nombreux Fosséens venus de Lorraine, attirés par les emplois de la zone industrialo-portuaire. Né en 1953 dans une famille liée à la métallurgie — son père était chaudronnier — , Christian Rosaire débute sa carrière professionnelle du côté de Metz dans la sidérurgie, après des études électrotechniques, un diplôme de dessinateur industriel en poche. En 1979, il rencontre Suzette — Un très beau nom commente-t-il — et Fabienne nait de leur union l’année suivante. Loin de la Lorraine, au soleil : entre temps, le couple a rallié le sud de la France et Port-de- Bouc : “J’avais trouvé un poste d’électricien chargé du quart de nuit dans une usine métallurgique, j’assurais la maintenance et le dépannage des machines” se souvient-il. Son contrat s’achève en 1986 et il est alors recruté par la Société du pipeline sud-européen (SPSE). Le voilà à Fos-sur-Mer, qu’il ne quittera plus.

Dans son logement de fonction, il dispose d’assez d’espace pour aménager une volière mesurant 12 m au sol, avec une vingtaine de cages. Un jour, une amie m’avait donné un couple de canaris et je m’étais lancé dans l’élevage d’oiseaux exotiques, en amateur, raconte-t-il. J’ai fait ça de longues années !J’en vendais un peu, mais j’en donnais surtout ! C’était pour le plaisir, ça m ‘a d’ailleurs coûté un peu d’argent. Mais c’était tellement plaisant… »

Au niveau professionnel, il est agent électricien chargé de la maintenance des installations SPSE du port, de Lavéra et du pipeline lui-même jusqu’à Orange. « Ça me plaisait mais c’était usant », confie-t-il. Il aura tout de même tenu vingt-sept ans : en août dernier, il prend enfin une retraite bien méritée. À l’ordre du jour désormais, une activité associative très prenante parmi les donneurs de sang bénévoles. « Mon père et ma mère étaient donneurs de sang, c’est dans la famille. Donc quand j’ai eu 18 ans, ils ne m’ont pas demandé mon avis, ils m’ont pris par la main et j’y suis allé. Ensuite, tout naturellement, j’ai continué partout où je vivais »

Donner son sang pour sauver des vies apparaît à Christian comme une évidence. Et s’investir dans l’association en découle. « En 1982, j’étais vice-président des donneurs de sang de Port-de-Bouc. Quand je suis arrivé à FOS, on m’a sollicité pour donner un coup de main et je me suis retrouvé président. C’était en 1990. » Il est toujours fidèle au poste aujourd’hui, en même temps que vice-président départemental. Et légitimement fier du chemin parcouru : « Notre association est aujourd’hui reconnue, elle dispose même d’un rond-point à son nom, se felicite-t-il. C’est une belle récompense et j’y ai ma petite part de mérite. Mais je ne suis pas le seul : si je n’avais pas une équipe soudée avec moi, on n’en serait pas là. Pour la plupart, ce sont aujourd’hui devenus des amis. Je dois aussi remercier Suzette, qui a supporté durant toutes ces années que je sois constamment parti à droite et à gauche pour les donneurs de sang ; je lui tire mon chapeau. Aujourd’hui, je m’occupe d’abord de ma famille — Fabienne m’a donné une petite-fille aujourd’hui âgée de 17 mois !— et ensuite de l’association. Un jour, il faudra que je lève le pied. À regrets mais il le faudra. »

En attendant, le président savoure : « Les donneurs de sang me disent bonjour dans la rue. C’est agréable de sentir qu’on fait partie de cette ville, même si je n’en suis pas natif. Je suis devenu un Fosséen d’adoption, peut-être même plus Fosséen que certains vrais ! (Rires..)Je me sens bien ici, je n’ai plus envie de partir. »