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Sandy Faraco et Émilie Naudy sont toutes deux éducatrices spécialisées à La Chrysalide de Martigues et du golfe de Fos, l’association qui « crée et gère des établissements d’accueil et des services à domicile pour l’accompagnement, l’éducation, la formation, le travail et l’hébergement des personnes handicapées mentales ». Émilie est aussi photographe, sous le pseudonyme d’Émy Naudy – elle possède son home studio à Fos-sur-Mer et y propose de photographier femmes enceintes, nouveaux-nés, enfants, famille… « La photographie m’a aidée à me construire, à m’exprimer et à être moi », confesse-t-elle. Cette démarche a faite d’elle une adepte de la photographie thérapeutique : « Elle permet d’adoucir le regard que l’on se porte, de dépasser ses émotions négatives, de lâcher prise et de s’accepter tel que l’on est, théorise-t-elle. Passer d’un regard qui dévisage à un regard qui envisage… Cet outil est d’une telle puissance qu’il permet de se faire face, de se voir et de se regarder autrement. D’être soi : la diversité et notre singularité font notre richesse. » L’apport de la photographie thérapeutique, s’il peut concerner tout un chacun, s’avère peut-être encore plus important pour les personnes en situation de handicap, comme celles qui fréquentent les établissements de La Chrysalide.
L’Établissement et service d’aide par le travail (Ésat) de Port-de-Bouc, où travaillent Sandy Faraco et Émilie Naudy, « accompagne les personnes afin de faciliter leur épanouissement personnel et professionnel, analysent-elles. Cet épanouissement est selon nous indissociable de l’estime et de la confiance que les personnes se portent à elles-mêmes. » D’où l’idée du projet « Autre regard » : « Nous sommes parties de difficultés observées au quotidien et de propos recueillis dans l’accompagnement : “On m’a appelé l’handicapé”, “Je me trouve grosse, je m’habille pour me cacher”, “Dans la rue, je me sens observée”… Accompagner les personnes vers une meilleure acceptation de soi leur permettra d’avoir une meilleure image d’elles-mêmes. Redorer cette image permettra d’améliorer le rapport à l’autre. Reconnaître que leur singularité fait leur richesse pourra développer leur aptitude à se positionner, à s’exprimer librement, à s’affirmer, à s’ouvrir et à être davantage actrices de leur quotidien », promettent les deux éducatrices spécialisées. Pour atteindre ces objectifs, Sandy et Émilie ont coconstruit avec les personnes accompagnées des ateliers et des temps forts : sport, maquillage, coiffure, atelier zen, danse, jeux vidéos, massages, promenades, groupes de parole…Et bien-sûr la photo avant-après, qui symbolise la métamorphose de la personne qui s’assume enfin pleinement. « Il y avait une personne qui s’habillait toujours avec un sweat-shirt, sa capuche sur la tête et le cordon serré, si bien qu’on voyait à peine son visage, et elle n’avait jamais porté de robe, parce qu’elle n’osait pas », nous confie la photographe, qui l’a faite poser avec une robe de princesse, fière et belle ! Un projet passionnant que vous êtes invité à découvrir jeudi 2 mars, à 14h au cinéma L’Odyssée, pour assister à la projection d’un film documentaire sur le sujet d’une vingtaine de minutes, suivie d’une séance de questions-réponses entre les pensionnaires de La Chrysalide, stars du jour, les éducatrices et le public, avant le vernissage de l’expo photo – à l’affiche jusqu’à la fin du mois de mars – et des échanges informels autour d’un verre.